Jean-Claude Bertrand présente son exposition :
« Dans cette exposition, j’ai souhaité présenter différents aspects de mon aventure picturale au cœur de nos mémoires sensorielles. Les toiles exposées représentent un échantillon de mon travail réalisé sur ces vingt dernières années.
Je fonctionne un peu comme un générateur. Je capte toutes les informations que me transmettent mes sens et je les restitue picturalement en énergie vibratoire. Mon ambition est de réinitialiser les logiciels de nos cinq sens afin de redécouvrir tout leur potentiel pour mieux les exploiter. Le monde actuel est tellement sujet à la vitesse, à la multiplicité d’informations et d’images et à leur banalisation que nous n’avons plus beaucoup de contact émotionnel avec nos ressentis.
L’être humain perd de sa spontanéité, de sa singularité, de sa véritable identité, de sa créativité face à ce qui doit être compris, aimé, apprécié… selon les normes.
Mon « message », s’il devait y en avoir un, serait : « videz toutes les informations qui encombrent vos archives et bloquent vos mémoires…. Ensuite, purgez votre logiciel et laissez le vous entraîner vers de nouvelles découvertes sensorielles. En fait, découvrez une œuvre avec un logiciel d’enfant ! ».
Je suis à la recherche d’une écriture, d’un langage, d’un vocabulaire qui parlent à la sensibilité, à l’âme humaine. Je cherche à figurer l’infigurable, à rendre perceptible la pulsion de la vie.
Mes peintures sont principalement non figuratives afin que ce silence iconographique laisse libre cours à l’esprit. C’est pourquoi je me démarque de toute grammaire picturale qui se développerait sur la notion de la représentation du visible.
Il faut savoir que nos mémoires sensorielles sont perçues dans un laps de temps infiniment court : un parfum, une saveur, un rayon de lumière, une couleur, un effleurement, un chant d’oiseau, le souffle du vent… sont captés dans l’instant et sont fugaces, éphémères.
J’ai la volonté de réactiver mes mémoires sensorielles en leur offrant tout l’espace de la toile pour leur permettre de se déployer plus longuement afin de vous les faire vivre pleinement et de vous vous les approprier.
Soulage ne disait-il pas que « l’espace et le temps sont devenus la poésie de la toile » ?
Deux focus particuliers :
- sur les « Musicogrammes » (œuvres sur Altuglas – technique mixte – 180 x 60 x 0,5 cm suspendues dans portants métalliques 223 x 98 x 80 cm), au centre de l’espace d’exposition, qui sont des œuvres créées pour être décryptées par des improvisateurs, jazzmen ou poètes et qui de plus ont une portée symbolique, chacun comme un signal, un totem, un repère, un lien que vous pourrez interpréter à votre convenance… J’ai réadapté l’un de ces « musicogrammes » pour créer le « vitrail Jazz » de l’Ecole de musique de Saint-Louis en Alsace. Archie Shepp, une des dernières légendes vivantes du free jazz a improvisé devant mes « musicogrammes lors d’une exposition ainsi que lors du festival de jazz à Souillac.
- sur l’œuvre « Emergence » (affiche) : j’explique par ailleurs pourquoi j’explore actuellement mes mémoires liées à « Dame Nature ». Le choix de cette œuvre est un message d’ouverture à toute génération et surtout à nos enfants vers une meilleure appréhension, une meilleure écoute et protection du monde naturel qui nous entoure et dont nous aurions tant à apprendre de ses rythmes, de ses cycles et de son intelligence… pour mieux donner un sens à notre vie ! »